Berliner Volks-Zeitung - "Larmes et douleur" après un éboulement dévastateur au Soudan

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"Larmes et douleur" après un éboulement dévastateur au Soudan
"Larmes et douleur" après un éboulement dévastateur au Soudan / Photo: - - Mouvement/Armée de libération du Soudan (MLS)/AFP

"Larmes et douleur" après un éboulement dévastateur au Soudan

Des centaines de corps retrouvés, sans doute beaucoup plus sous la boue, et des survivants ayant "tout perdu". Au Soudan, le responsable d'une équipe d'humanitaires allée dans un village reculé, a raconté à l'AFP les conséquences du glissement de terrain dévastateur.

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"Quand notre équipe est arrivée dans le village, bien sûr, il était difficile d'imaginer que sous la boue se trouvait tout un village et qu'il y avait des centaines de corps", a déclaré vendredi depuis Port-Soudan Francesco Lanino de l'organisation Save the Children.

Une équipe de l'ONG est parvenue la veille à rejoindre le village de Tarasin, dans un massif montagneux du Darfour, dans l'ouest du pays, enseveli sous la boue depuis dimanche soir.

Selon les derniers bilans des autorités locales et de Save the Children, 373 corps ont été récupérés, dont beaucoup d'enfants. Vu le nombre estimé d'habitants avant la catastrophe, on craint plus de 1.000 décès. Seules 150 personnes, dont 40 enfants, ont été retrouvées à Tarasin et dans les villages voisins.

"Il y a beaucoup de larmes et de douleur parce qu'ils ont perdu beaucoup de leurs proches, beaucoup d'enfants. Et bien sûr, ils ne savaient pas et ne savent toujours pas comment les secourir ou tenter de récupérer les corps", décrit M. Lanino, rapportant les témoignages de son équipe sur place.

- "Trois glissements de terrain" -

"Certains hommes de la communauté locale ont commencé, ou ont tenté, de secourir des personnes, mais ils n'avaient pas d'outils comme des pelles ou des machines pour creuser le sol. Alors ils ont creusé avec leurs mains (...) pour essayer de retrouver leurs proches, leurs corps, avec une sorte de désespoir car les survivants se retrouvent sans maison, sans nourriture, sans bétail, sans rien".

"Ils ne savent pas où aller, où trouver un endroit sûr, car toutes les zones sont affectées par les fortes pluies".

Et puis, révèle M. Lanino, trois glissements de terrain successifs auraient en fait touché la région : "selon les informations que nous avons reçues, la zone a été frappée par trois glissements de terrain différents, le premier dimanche à 17 heures (....), le deuxième lundi dans une zone voisine car c'est une sorte de vallée (...) et le troisième mardi, exactement dans le même secteur de Tarasin, touchant également les gens qui tentaient de secourir les victimes".

Alors parmi les survivants, "beaucoup redoutent un nouveau glissement de terrain. Ils ont entendu des craquements dans les montagnes et les sommets voisins".

En plus des proches tués et des habitations détruites, "environ 5.000 têtes de bétail, vaches, chameaux et chèvres, sont également ensevelies sous la boue", détaille encore M. Lanino. "Les gens ont vraiment tout perdu".

- Risques d'épidémies -

Save the Children a envoyé dans les montagnes de Jebel Marra une équipe de 11 professionnels, dont des médecins, des infirmiers et des sage-femmes, qui ont atteint le village après dix heures de trajet "très difficile" à dos d'âne sous une pluie battante. La région reculée n'a ni accès routier, réseau mobile ou service gouvernemental fonctionnel.

L'équipe a décidé "d'établir immédiatement une structure de santé d'urgence", avec "des groupes de soutien psychosocial pour les femmes et les enfants. Et "les premières demandes reçues concernent la nourriture, des couvertures et des abris", témoigne-t-il.

"Il existe un risque élevé de contamination des sources d'eau. Il y avait déjà des cas de choléra dans la région et nous sommes très inquiets qu'une nouvelle et importante épidémie de choléra puisse toucher les survivants, mais aussi toutes les zones environnantes".

Le glissement de terrain s'est produit pendant la saison des pluies qui atteint son pic entre juillet et octobre, dans ce pays ravagé depuis avril 2023 par une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et qualifiée par l'ONU de l'une des pires crises humanitaires de l'histoire contemporaine.

L.Braun--BVZ