

Mondiaux d'athlétisme: Gout Gout veut se faire un nom
Son nom Gout Gout fait de lui une attraction mais c'est surtout sur les pistes que le sprinteur australien de 17 ans veut marquer l'histoire de l'athlétisme, avec comme illustre point de comparaison, un certain Usain Bolt.
Mercredi aux Mondiaux de Tokyo, ce phénomène né de parents sud-soudanais qui ont fui le pays déchiré par la guerre, via l'Égypte et qui sont arrivés en Australie en 2006, a franchi une première étape en se qualifiant pour les demi-finales du 200 mètres, programmées jeudi.
Le triple champion en titre Noah Lyles et le médaillé d'or olympique, le Botswanais Letsile Tebogo peuvent bien viser le titre d'héritiers de Bolt. Pour beaucoup d'observateurs, le grand (1,83 m) et svelte Gout est celui qui possède le plus grand talent brut pour devenir la superstar incontestée du sprint et succéder au Jamaïcain, octuple médaillé d'or olympique et détenteur des records du monde du 100 m et du 200 m, retraité depuis 2017.
En 2024, à 16 ans, Gout a couru le demi-tour de piste en 20 sec 04 lors d'un championnat scolaire australien, devenant seulement le deuxième athlète à réussir un chrono plus rapide que le record moins de 18 ans de Bolt (20.13).
- "Moi jeune", dit Bolt -
Et en juin dernier à Ostrava, en République tchèque, il en a remis une couche (20.02). "Il ressemble à moi jeune", a d'ailleurs commenté Bolt en publiant une photo d'eux ensemble.
Cependant, le Jamaïcain de 39 ans prévient qu'un énorme potentiel ne se traduit pas toujours par une carrière fabuleuse.
"C'est toujours plus facile quand on est jeune, a affirmé le Jamaïcain, présent à Tokyo. Je faisais de grandes choses quand j'étais jeune. Mais la transition de juniors à seniors est toujours difficile. Tout dépend si vous avez le bon entraîneur, les bonnes personnes autour de vous et si vous êtes suffisamment concentré."
"Il y aura donc beaucoup de facteurs qui détermineront s'il va devenir grand et continuer sur la même trajectoire", poursuit "L'Eclair".
Gout admet que les comparaisons avec Bolt sont intimidantes.
"Sur le coup, c'est agréable parce que tout le monde veut être comparé à Usain, mais parfois cela devient un peu pesant, dit Gout sur sa page de profil de la Fédération australienne. Bien que je coure comme Usain Bolt, j'essaie juste d'être moi-même."
- Guot ou Gout avant le GOAT ? -
Pour garder les pieds sur terre, Gout, qui retournera à l'école après les Mondiaux et veut étudier la psychologie à l'université, sait qu'il peut compter sur sa famille.
Son père Bona travaille dans une cantine d'hôpital et complète ses revenus en étant chauffeur VTC, sa mère Monica est femme de ménage et il partage sa chambre avec son frère aîné dans cette fratrie de sept enfants.
D'ailleurs d'où lui vient ce nom si particulier ?
"Son nom est Guot, ça devrait être Guot", a insisté Bona au média australien 7NEWS en décembre dernier, plaidant une erreur d'orthographe en arabe sur les documents lorsque la famille est partie pour l'Égypte pour justifier le passage de Guot à Gout.
Le problème pour Bona est que "Gout" en anglais désigne la goutte, cette forme d'arthrite inflammatoire.
"Je sais que Gout Gout est un nom de maladie. Je ne veux pas que mon fils soit appelé par un nom de maladie... c'est quelque chose qui n'est pas acceptable", a-t-il réagi tentant même officiellement de faire modifier son nom.
"C'est culturellement très important et en particulier si (la famille) voit Guot Guot courir, ils se connectent au nom. Mais quand ils entendent +Gout Gout+, ils sont désemparés. Et sa mère l'appelle Guot et ici aussi, je l'appelle Guot", ajoute le père.
Quel que soit le nom de ce phénomène australien, Tokyo pourrait être le début d'une route tracée pour culminer aux Jeux olympiques à domicile à Brisbane en 2032, où il n'aura que 24 ans et espère se faire appeler le GOAT (l'acronyme anglais de "plus grand de tous les temps").
P.Fuchs--BVZ