Dermatose: la mobilisation enfle dans le Sud-Ouest malgré les annonces ministérielles
Une semaine après les premières protestations autour d'une ferme ariégeoise, la mobilisation contre la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue d'enfler mercredi, avec une nouvelle autoroute stratégique paralysée et plusieurs axes routiers et ferroviaires bloqués, malgré les promesses gouvernementales d'accélération de la vaccination.
Mercredi matin, dans l'Aude, des dizaines de tracteurs ont emprunté l'autoroute A61 à Narbonne, pour rallier Carcassonne, à 70 km de là, où trois autres cortèges doivent converger, selon des syndicats agricoles.
"Notre confiance envers les services de l'État a été rompue. Mercosur, PAC, rémunération, taxe carbone, gestion de l'eau: tous les ans on subit des problèmes de plus en plus gros. Y'en a marre", ont déclaré des représentants des Jeunes agriculteurs avant de s'insérer sur l'autoroute en direction de Carcassonne, où un rassemblement intersyndical est prévu devant la préfecture.
L'autoroute A61 est déjà bloquée depuis mardi en direction de Toulouse au niveau de Villefranche-de-Lauragais, en Haute-Garonne. "On a dormi sur place et on continue, on change rien", a déclaré à l'AFP Dorian Biffi, membre des Jeunes agriculteurs 31. "On est pas là que pour la DNC, il y a tout le reste: le Mercosur, la taxe engrais et la PAC 2027", a-t-il poursuivi.
Depuis mardi, ils empêchent également, au même endroit, la circulation des trains entre Toulouse et Narbonne, sur l'axe Bordeaux-Marseille. Le trafic ferroviaire sera interrompu "a minima" jusqu'à la mi-journée, selon SNCF Voyageurs.
Chaque jour, de nouvelles mobilisations surviennent, notamment dans le Sud-Ouest, avec par exemple quatre blocages d'autoroutes autour de Toulouse, constatent les journalistes de l'AFP. Le ministère de l'Intérieur a relevé mardi 75 actions sur le territoire, contre 45 la veille et 27 dimanche.
Mercredi matin, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a appelé "l'apaisement à l'approche de Noël" face aux manifestations et blocages routiers qui perdurent.
Mardi soir, elle a précisé que 750.000 bovins seraient vaccinés "dans les semaines qui viennent" dans le Sud-Ouest: une proposition qui ne convainc pas certains syndicats comme la Coordination rurale, la Confédération paysanne, ou plus localement en Occitanie, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs.
A Limoges, la Coordination rurale a appelé les paysans à monter un mur de foin et de paille devant la préfecture mercredi.
Des points de blocage autoroutiers persistent également sur l'A20 au niveau de Brive et Cahors, sur l'A63 au sud de Bordeaux, sur l'A64 entre Toulouse et Bayonne, où à Carbonne des agriculteurs ont passé une cinquième nuit sur un barrage, et sur l'A89 dans le secteur de Périgueux, détaille Vinci Autoroutes.
- "Pas assez" -
"Le gouvernement joue du violon en ce moment. Ils restent sur leur position, qui est l'abattage total. Nous, on est contre", a rappelé Mathieu Vinel, producteur de céréales syndiqué à la Coordination rurale, présent sur un barrage sur l'A20 au sud de Cahors (Lot).
"On prend la bonne direction, mais ce n'est pas assez", a estimé sur le blocage de l'A63 Vincent Collineau, éleveur à Monségur et coprésident de la CR 33, qui craint de ne pas "trouver des vaches" pour repeupler si son troupeau devait être abattu.
Depuis l'apparition de la maladie en juin en Savoie, l'État tente de contenir la propagation du virus en se basant sur "trois piliers": l'abattage systématique dès la détection d'un cas, la vaccination dans la zone concernée et la restriction de mouvements des bovins.
Mardi, Annie Genevard a annoncé une extension de la zone vaccinale, qui concernait jusqu'ici huit départements du Sud-Ouest, à l'Hérault et au Tarn.
La campagne de vaccination va mobiliser des vétérinaires de toute la France et de tous horizons (de l'État, libéraux, retraités, militaires), a-t-elle précisé.
Elle a également annoncé la création d'un fonds de soutien de plus de 10 millions d'euros destiné aux petits éleveurs, pour compenser les pertes de cheptel, les pertes économiques et la désinfection des installations.
Au total, 114 foyers de DNC ont été recensés en France depuis juin, dont 26 en Occitanie. La ministre de l'Agriculture a évoqué un foyer supplémentaire sur RTL mercredi matin et son cabinet a précisé qu'il était dans les Hautes-Pyrénées et qu'il avait été "éteint". Plus de 3.300 bêtes ont été abattues sur un cheptel bovins de quelque 16 millions bovins.
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M.Hoffmann--BVZ