

Trump exhorte les généraux à combattre "l'ennemi de l'intérieur"
Dans un discours d'une rare violence politique, Donald Trump a appelé mardi les généraux et amiraux américains à se mobiliser contre "l'ennemi de l'intérieur", en attaquant les immigrés sans papiers, la presse et ses opposants politiques.
L'initiative prise par le ministre de la Défense Pete Hegseth de rassembler les plus hauts gradés américains à Quantico (Virginie) était déjà très inhabituelle, la tonalité de la longue allocution du président américain l'a été encore plus.
Face à l'armée, les chefs d'Etat américains adoptent généralement une posture de "commandant en chef" détaché des considérations partisanes.
Rien de tel pour le républicain de 79 ans, qui avait déclaré en quittant la Maison Blanche, à propos de ce rassemblement de généraux: "S'il y a quelqu'un que je n'aime pas, je le virerais tout de suite."
Les villes "gérées par les démocrates de la gauche radicale (...) San Francisco, Chicago, New York, Los Angeles, ce sont des endroits dangereux. Et nous allons les remettre en ordre une par une et ce sera quelque chose de très important pour certaines personnes dans cette salle. C'est aussi une guerre. C'est une guerre de l'intérieur", a dit Donald Trump dans une allocution par ailleurs décousue.
- Presse "vicieuse" -
Sa décision de déployer des militaires dans plusieurs villes, selon lui pour lutter contre la criminalité et à l'immigration illégale, a été très critiquée par l'opposition démocrate et par des associations de défense des libertés publiques.
Le président américain a aussi rappelé avoir signé un décret créant "une force de réaction rapide qui permet de réprimer les troubles à l'ordre public", constituée de militaires.
"Ce sera quelque chose de très important pour les gens dans cette pièce, parce que c'est l'ennemi de l'intérieur. Et il faudra s'en occuper avant que la situation ne devienne incontrôlable", a-t-il dit aux hauts gradés, silencieux et impassibles pendant son discours.
Le milliardaire s'en est également pris plusieurs fois à la presse "vicieuse" et menteuse", ainsi qu'à son prédécesseur démocrate Joe Biden.
Le chef du Pentagone, renommé "ministère de la Guerre" par Donald Trump, avait auparavant affirmé que l'armée devait tourner le dos à des "décennies de déclin" dues selon lui aux politiques de diversité.
"Nous nettoyons les débris", martelé Pete Hegseth.
- Plus de barbes ni de cheveux longs -
"Nous sommes devenus le ministère du +woke+ mais plus maintenant", a promis le ministre de la Défense, en assurant que le choix des militaires déployés pour combattre répondrait désormais "seulement au plus haut standard masculin".
L'ancien animateur de Fox News, adepte d'une communication aux accents virilistes, a aussi exigé qu'à l'avenir les militaires soient rasés de près, portent les cheveux courts et soient dans la meilleure forme physique.
Il est "inacceptable de voir des généraux et amiraux en surpoids", a-t-il lancé.
Le ministre de la Défense a déclaré vouloir faire table rase "des déchets idéologiques" légués par l'administration précédente, citant en exemple la lutte contre le réchauffement climatique, le harcèlement, les dirigeants "toxiques" ou encore la promotion fondée sur la race ou le genre.
"Ensemble nous réveillons l'esprit guerrier", a renchéri Donald Trump.
- Limogés -
Le ministère de la Défense, habituellement plutôt préservé des interventions directement politiques, a été particulièrement marqué par son retour en janvier à la Maison Blanche.
En mai, Pete Hegseth a ordonné des réductions importantes du nombre de plus hauts gradés dans l'armée, notamment une baisse d'au moins 20% du nombre de généraux et amiraux quatre étoiles en exercice.
Le Pentagone a également annoncé vouloir réduire d'au moins 5% ses effectifs civils.
Plusieurs responsables de l'armée américaine ont été poussés vers la sortie.
Le président américain a notamment limogé en février, sans donner d'explication, le chef d'état-major Charles "CQ" Brown.
Ont également été renvoyés la cheffe de la marine américaine, des Gardes-côtes américains, le vice-chef d'état-major de l'armée de l'air ou encore plusieurs avocats militaires de haut rang.
L.Schmitz--BVZ