Moldavie: La victoire du parti pro-européen, un "mandat fort" pour son adhésion à l'UE
La victoire du parti pro-européen PAS aux législatives de dimanche en Moldavie en dépit de la pression de la Russie constitue "un mandat fort pour le processus d'adhésion" du pays à l'UE, a déclaré lundi la présidente Maia Sandu.
"Nous avons montré au monde entier que nous sommes courageux et dignes, que nous ne nous sommes pas laissés intimider", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse, en référence aux accusations d'ingérence russe dans ce scrutin.
Auparavant, le chef de son Parti Action et Vérité (PAS), Igor Grosu, avait salué la victoire offerte par les électeurs.
"Le PAS a une majorité parlementaire, une majorité parlementaire pro-européenne seulement parce que vous nous avez offert cette confiance et cette chance", a-t-il ajouté, évoquant "un combat extraordinairement difficile".
Le PAS, au pouvoir depuis 2021 dans ce pays parmi les plus pauvres d'Europe, voisin de l'Ukraine et de la Roumanie, a obtenu 50,20% des suffrages, après dépouillement de tous les bulletins, selon les chiffres de la Commission électorale publiés sur son site internet.
Selon les projections, il pourrait conserver sa majorité absolue au Parlement avec 55 sièges sur 101, contre 63 dans l'assemblée sortante.
Le PAS devance le Bloc patriotique prorusse, qui affiche un score de 24,17% et dont l'un des dirigeants, l'ancien président Igor Dodon (2016-2020), a appelé à manifester lundi dans la capitale, Chisinau.
En troisième position figure, avec 7,96%, le Mouvement alternatif national (MAS) du maire de Chisinau, Ion Ceban, qui avait appelé à voter contre le PAS.
- "Soupir de soulagement" -
"Nous avons poussé un soupir de soulagement. Après une longue campagne (...) nous pouvons enfin respirer librement, et je crois qu'avec l'aide du gouvernement moldave actuel, la Moldavie rejoindra l'Union européenne", a réagi Natalia Tagirta, femme au foyer de 42 ans, à Chisinau.
"C'est très agréable de se réveiller dans une Moldavie qui a choisi la bonne voie: paix, développement et stabilité", a abondé Nadir Grinco, 25 ans, qui travaille dans la communication et envisageait d'émigrer en cas de victoire des prorusses.
Liuba Peribicovski, retraitée de 75 ans, a en revanche regretté un "résultat négatif" et réclamé que soit "prouvée l'ingérence" russe.
A l'étranger, le président du Conseil européen Antonio Costa a loué "un message fort et clair" des Moldaves qui "ont choisi la démocratie, la réforme et un avenir européen, face à la pression et à l'ingérence de la Russie". Le président français Emmanuel Macron a estimé que "le choix des citoyens moldaves s'est affirmé avec force" malgré "ingérence" et "pressions".
Moscou a démenti les allégations d'ingérence dans l'ex-république soviétique qui a proclamé son indépendance en 1991, tandis que l'opposition moldave, largement prorusse, a accusé le PAS d'avoir planifié une fraude.
Andrei Curararu, analyste du groupe de réflexion WatchDog, estime que le Kremlin n'a pas dit son dernier mot et pourrait "recourir à des manifestations, à la corruption des députés PAS et à d'autres tactiques pour perturber la formation d'un gouvernement pro-européen stable".
- Plaintes -
Igor Dodon, qui avait revendiqué la victoire dimanche soir, a annoncé lundi avoir soumis des dizaines de plaintes à la Commission électorale. En fonction de sa décision, "nous prendrons d'autres mesures juridiques", a-t-il averti, lors d'une manifestation à laquelle il avait appelé devant le parlement à midi, heure locale.
Quelque 200 personnes y ont pris part aux cris de "Liberté" et "Moldavie". Refusant de répondre aux questions des journalistes, ils se sont rapidement dispersés.
Le PAS, notamment critiqué pour les difficultés économiques du pays, a limité son recul dans les urnes par rapport à 2021, où il avait recueilli 52,8% des voix.
Une vingtaine de partis et candidats indépendants étaient en lice dans le pays qui compte quelque 2,4 millions d'habitants et plus d'un million d'émigrés également appelés à voter. Une diaspora qui avait largement contribué à la réélection de la présidente Maia Sandu en 2024.
L.Schmitz--BVZ