

Gaza: l'armée israélienne bombarde le nord, quatre soldats tués dans le sud
Israël a mené jeudi d'intenses bombardements sur Gaza-ville, cible d'une offensive terrestre majeure, provoquant de nouveaux déplacements de la population vers le sud où sont morts quatre soldats israéliens selon l'armée.
La route côtière longeant la bande de Gaza est saturée de personnes fuyant vers le sud, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, leurs affaires entassées à la hâte, rapportent des journalistes de l'AFP sur place.
Fort du soutien américain, Israël a annoncé le début mardi d'une campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas, dont l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
En riposte à l'attaque, Israël a lancé une offensive dévastatrice qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire, où quelque deux millions de Palestiniens assiégés ont été plusieurs fois déplacés depuis le début de la guerre il y a bientôt deux ans.
- "Dieu, envoie un missile" -
"Il y a des tirs d'artillerie, des frappes aériennes, des tirs de quadricoptères et de drones. Les bombardements ne s'arrêtent jamais", décrit Aya Ahmad, une femme de 32 ans vivant avec 13 membres de sa famille dans le quartier Nasser, dans l'ouest de Gaza-ville.
Le directeur de l'hôpital al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya, a indiqué avoir reçu dans son établissement 33 personnes tuées jeudi par les bombardements israéliens.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
"L'incursion militaire et les ordres d'évacuation dans le nord de Gaza provoquent de nouvelles vagues de déplacements, forçant des familles traumatisées à s'entasser dans une zone toujours plus réduite", a déclaré sur X le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
"Les hôpitaux, déjà débordés, sont au bord de l'effondrement alors que l'escalade de la violence bloque l'accès et empêche l'OMS de livrer des fournitures vitales", a-t-il ajouté.
"Des foules partout, le fracas des explosions, des femmes et des hommes qui pleurent et crient en marchant, chargés de leurs affaires", raconte Shadi Jawad, 47 ans, qui a fui son domicile mercredi avec sa famille.
En route, il dit avoir levé les yeux au ciel et prié: +Mon Dieu, envoie un missile pour nous emporter et nous soulager+", confie-t-il.
L'ONU estimait fin août à environ un million le nombre d'habitants dans la ville de Gaza et ses environs. L'armée israélienne a affirmé que "plus de 350.000" personnes avaient fui la zone.
- Réunion du Conseil de sécurité -
L'armée israélienne a annoncé avoir frappé plus de 150 cibles dans la ville de Gaza depuis le lancement de son assaut terrestre qui a été condamné à l'international, mais aussi en Israël où une grande partie de la population s'inquiète pour les otages retenus dans la bande de Gaza.
L'ONU a déclaré la famine à Gaza, ce que dément Israël. Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza. Israël a aussi nié.
Jeudi, l'armée a recommandé aux autorités israéliennes de suspendre l'aide en provenance de Jordanie pour Gaza après une attaque ayant fait deux morts au point de passage d'Allenby entre la Cisjordanie occupée et la Jordanie. Amman, qui a condamné l'attentat, a indiqué que son auteur était un Jordanien conduisant un camion d'aide humanitaire pour le territoire palestinien.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont encore retenues à Gaza dont 25 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
L'armée israélienne a annoncé la mort au combat jeudi de quatre soldats dans le sud de la bande de Gaza, ce qui porte à 472 le nombre de soldats israéliens tués depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien le 27 octobre 2023.
Les représailles militaires israéliennes à l'attaque du 7-Octobre ont coûté la vie à 65.141 personnes, en majorité des civils selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, dont les données sont jugées fiables par l'ONU.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer une nouvelle fois jeudi sur un texte réclamant un cessez-le-feu et l'accès humanitaire à Gaza.
P.Baumann--BVZ