Berliner Volks-Zeitung - La Chine annonce que son porte-avions dernier cri a transité par le détroit de Taïwan

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La Chine annonce que son porte-avions dernier cri a transité par le détroit de Taïwan
La Chine annonce que son porte-avions dernier cri a transité par le détroit de Taïwan / Photo: STR - JIJI Press/AFP

La Chine annonce que son porte-avions dernier cri a transité par le détroit de Taïwan

La Chine a annoncé vendredi que le dernier né de ses porte-avions, le Fujian, avait transité par le détroit de Taïwan pour aller mener des tests en vue d'une future mise en service, qui renforcera considérablement ses capacités dans une zone ultra-sensible.

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Le Fujian "a transité récemment par le détroit de Taïwan en direction des eaux de la mer de Chine méridionale pour (aller) procéder à des tests de recherche scientifique et des missions d'entraînement", a déclaré un porte-parole de la marine chinoise, le capitaine Leng Guowei, dans un communiqué publié sur le réseau social WeChat.

C'est "une part normale du processus de construction d'un porte-avions et ne vise aucune cible spécifique", a-t-il assuré.

Pour Collin Koh, spécialiste des questions navales à la S. Rajaratnam School of International Studies (RSIS) à Singapour, il n'y a rien d'étonnant à ce que le Fujian franchisse le détroit, comme l'ont fait avant lui les autres porte-avions chinois.

Cela "semble relever de la symbolique visant à montrer l'ascension de la Chine en tant que puissance militaire forte et, de surcroît, grande puissance maritime", dit-il.

Les autorités taïwanaises ont indiqué avoir surveillé les mouvements du bateau "pour apprécier pleinement la situation", et avoir "réagi en conséquence".

Tous les mouvements à caractère militaire dans le détroit de Taïwan sont sensibles. La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces. Elle soumet l'île, sous gouvernement démocratique, à une pression militaire, économique et diplomatique forte et refuse d'exclure le recours à la force pour en prendre le contrôle.

La question taïwanaise est une des sources majeures de tension dans la région, théâtre de multiples querelles territoriales et d'une lutte d'influence entre grandes puissances.

La marine japonaise a répéré jeudi le Fujian accompagné de deux destroyers et progressant en direction du sud-ouest à environ 200 km au nord-ouest des îles Senkaku, a indiqué le ministère japonais de la Défense dans un communiqué.

Au nord-est de Taïwan, les îles Senkaku, Diaoyu pour la Chine, sont administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin.

Les garde-côtes chinois ont rapporté avoir patrouillé vendredi dans les eaux de l'archipel, inhabité.

- Calendrier toujours inconnu -

La Chine dispose de deux porte-avions en service actif: le Liaoning, acheté à l'Ukraine en 2000, et le Shandong, premier porte-avions à avoir été construit en Chine, mis en service en 2019.

Le Shandong a participé en avril à des manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan avec simulation de "blocus", selon le Commandement du Théâtre oriental de l'armée chinoise.

Le Fujian, qui tient son nom de la province chinoise située en face de Taïwan, est le plus grand navire jamais construit par la Chine. Il participe au renforcement des capacités chinoises de dissuasion et de projection en Asie-Pacifique, et plus globalement à la montée en puissance de l'armée chinoise dans un contexte de rivalité avec le système d'alliances régionales des Etats-Unis. La Chine assure que ses intentions sont pacifiques.

Le Fujian a effectué ses premiers essais en mer en 2024.

Il devrait être doté de systèmes de décollage plus avancés, permettant de déployer des avions transportant des charges utiles plus importantes et davantage de carburant, selon les analystes du groupe de réflexion CSIS à Washington.

La Chine garde le secret sur la mise en service du Fujian. Les experts spéculent sur une date qui coïnciderait symboliquement avec un évènement historique pour le pays.

Song Zhongping, un commentateur militaire chinois, pense que les principaux tests sont achevés et que "l'heure de la mise en service officielle approche". Il en veut pour preuve qu'après avoir été testé en mer de Chine orientale et en mer Jaune, le bâtiment l'est à présent en mer de Chine méridionale, où "l'environnement est plus hostile et les conditions d'essai, par conséquent, plus exigeantes".

Un autre expert, Alex Luck, spécialiste du matériel naval, tempère cependant. Il peut s'agir aussi bien d'un essai que d'une préparation à la mise en service, dit-il. "Les deux options sont possibles, en fonction des étapes suivantes. Mais il est trop tôt pour se prononcer. On doit se contenter de ce qu'on voit pour l'instant", insiste-t-il.

D.P.Schumacher--BVZ