Berliner Volks-Zeitung - Corruption à Interpol: un ex-ministre de la justice moldave interpellé aux Emirats arabes unis

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Corruption à Interpol: un ex-ministre de la justice moldave interpellé aux Emirats arabes unis
Corruption à Interpol: un ex-ministre de la justice moldave interpellé aux Emirats arabes unis / Photo: Ozan KOSE - AFP/Archives

Corruption à Interpol: un ex-ministre de la justice moldave interpellé aux Emirats arabes unis

Les investigations en France sur des soupçons d'effacement de notices rouges d'Interpol pour des suspects en fuite ont connu une accélération avec l'interpellation aux Emirats arabes unis d'un ancien ministre de la Justice moldave et ex-président de la commission de contrôle des fichiers d'Interpol.

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Vitalie Pirlog a été "arrêté dimanche", a confirmé le ministère émirati de l'Intérieur dans un communiqué publié jeudi sur son compte Facebook.

Une arrestation confirmée par une source judiciaire en France.

L'ex-ministre, âgé de 50 ans, a été arrêté en vertu d'un mandat d'arrêt international délivré à son encontre par la France dans le cadre d'une enquête sur des faits de corruption au sein d'Interpol dont le siège se trouve à Lyon (centre-est).

Ce mandat d'arrêt avait été émis fin janvier 2025, a précisé la source judiciaire.

Elu président de la commission de contrôle des fichiers à Interpol en 2017, Vitalie Pirlog est soupçonné d'avoir aidé des suspects à obtenir le statut de demandeurs d'asile en Moldavie afin de bénéficier de la suspension de leur notice rouge, selon une source proche du dossier.

"Toutes mes félicitations aux forces de l'ordre (émiraties) qui ont interpellé un ressortissant moldave recherché par la France, dans le cadre d'une importante affaire de corruption internationale", a écrit le ministre français de la Justice Gérald Darmanin sur le réseau social X.

"Cette arrestation s'inscrit dans le cadre d'une collaboration soutenue et stratégique avec les organismes internationaux chargés de l'application de la loi, ainsi que les organisations régionales et mondiales, réaffirmant l'engagement indéfectible des Emirats arabes unis en faveur de la sécurité et de la stabilité de la communauté internationale", a poursuivi le ministère émirati de l'Intérieur dans son communiqué.

- "Pots-de-vin" -

Le parquet national financier (PNF) français avait ouvert une enquête le 25 août 2023 "sur la base d'informations fournies par Interpol", avait indiqué le procureur national financier Jean-François Bohnert.

Interpol avait précisé de son côté qu'à la suite de "la détection d'une tentative de détournement" de son fonctionnement "dans un petit nombre de cas" afin de "bloquer et effacer les notices rouges", des responsables d'Interpol avaient "pris des mesures internes immédiates" et "dénoncé les faits aux autorités" en France.

Une information judiciaire a ensuite été ouverte début 2024 pour notamment corruption d'agent public étranger en bande organisée et trafic d'influence d'agent public étranger, avait précisé à l'AFP une source judiciaire.

Les premiers éléments des investigations conduites par l'Office central anticorruption français (OCLCIFF) ont révélé qu'un "groupe de personnes de différentes nationalités (était) suspecté d'avoir mis en oeuvre un schéma de corruption pour permettre à des fugitifs de bloquer et d'effacer les notices rouges qui les visent, en versant des pots-de-vin à des agents publics, notamment en Moldavie", avait relaté M. Bohnert.

Les montants de ces pots-de-vin pourraient atteindre "plusieurs millions de dollars", selon le procureur financier.

Une source proche du dossier avait précisé à l'AFP que ces fugitifs appartenaient pour partie à la criminalité organisée. Une deuxième source proche du dossier avait souligné que ces suspects ayant pu bénéficier de ce système étaient de toutes nationalités et disposaient d'importants moyens financiers.

Selon le secrétaire général d'Interpol, Jürgen Stock, les soupçons portent sur "un petit nombre de notices rouges" sur les 70.000 diffusées par l'organisation.

Interpol avait aussi évoqué une enquête cybercriminelle parallèle menée par les autorités britanniques, "qui a révélé que des personnes soupçonnées d'être corrompues en Moldavie auraient pu transmettre des informations sur des notices rouges à des personnes recherchées".

Au matin du 4 juin 2024, un vaste coup de filet avait visé des fonctionnaires moldaves soupçonnés d'avoir participé à ce système frauduleux. Selon la deuxième source proche, ils travaillaient essentiellement pour le bureau central national Interpol de Moldavie et le service qui gère les demandes d'asile.

Parallèlement, des perquisitions avaient été menées dans une trentaine de lieux en Moldavie par le parquet moldave chargé de la lutte contre la corruption en présence de représentants du PNF, de l'OCLCIFF et du FBI, la police fédérale américaine, dans le cadre d'une équipe commune d'enquête.

M.N.Langer--BVZ