

Le procès de l'ex-PDG de Casino Jean-Charles Naouri, jugé pour manipulation de cours, s'ouvre ce mercredi
L'ancien PDG de Casino Jean-Charles Naouri doit être jugé à partir de ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour manipulation de cours et corruption, soupçonné d'avoir manœuvré pour maintenir artificiellement le prix de l'action de son entreprise en 2018 et 2019, ce qu'il conteste.
Le procès doit se tenir jusqu'au 22 octobre.
La société Casino Guichard Perrachon, qui a changé de mains en 2024, est également citée devant le tribunal pour manipulation de cours en bande organisée et corruption privée active.
"Le groupe a radicalement changé. Ce procès est le procès du passé", a commenté auprès de l'AFP un représentant de l'entreprise de grande distribution, tombée en 2024 dans l'escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky au terme d'une restructuration spectaculaire de sa dette, devenue insoutenable.
Jean-Charles Naouri, premier actionnaire et patron du groupe pendant plusieurs décennies, l'avait en effet fait grossir à coup d'acquisitions financées par de l'endettement.
Trois anciens hauts cadres de l'entreprise seront également jugés pour les mêmes infractions. Parmi eux, l'ancien directeur de la communication comparaîtra en plus pour délit d'initié.
L'éditeur de presse Nicolas Miguet doit pour sa part répondre de manipulation de cours en bande organisée, corruption privée passive, blanchiment de cette corruption et délit d'initié.
- "Attaques spéculatives" -
Au terme de leur enquête, les magistrats du parquet national financier (PNF) avaient pointé une manipulation de cours "orchestrée par Casino" de septembre 2018 à juin 2019, ainsi que l'"intention frauduleuse des dirigeants et cadres de Casino ainsi que de Nicolas Miguet dans la diffusion de leur +feuilleton manipulatoire+".
Sous couvert d'une convention de prestation de conseil d'environ 800.000 euros, Nicolas Miguet aurait utilisé ses différents canaux de diffusion pour défendre le cours de Bourse de l'entreprise, notamment auprès d'actionnaires individuels. Ce, sans informer son public de ses liens financiers avec le groupe, selon le parquet.
"C'est abracadabrantesque, car quelle personne raisonnable peut imaginer qu'il y a eu possibilité de manipulation de cours via un petit journal style Hebdo Bourseplus ?", une de ses publications, avait-il réagi en mars auprès de l'AFP après l'annonce du procès.
A l'époque des faits reprochés, Casino était sous le feu d'analystes financiers s'inquiétant de sa solvabilité et était pressé par les marchés de réduire son endettement. Début septembre 2018, l'action Casino était tombée au plus bas jusqu'alors, autour de 25 euros.
Jean-Charles Naouri "conteste vigoureusement l'interprétation du PNF et aura l'occasion de s'en expliquer devant le tribunal", avaient assuré en mars ses avocats, qui mettaient en avant "les attaques spéculatives virulentes auxquelles a dû faire face durant cette période" l'entreprise.
Pour eux, "ce contexte exceptionnel (...) a parfaitement justifié" que les dirigeants de Casino "aient souhaité que l'entreprise s'entoure de professionnels compétents dans leurs domaines respectifs", dans le but de "protéger tout simplement l'intérêt social du groupe".
Défendu par Mes Olivier Baratelli, Nicolas Huc-Morel, Francis Teitgen et Eric Laut, Jean-Charles Naouri réclame sa relaxe.
Alexandre Bompard, PDG du concurrent Carrefour depuis 2017, et Matthieu Pigasse, alors chez Lazard, banque qui conseillait Carrefour, ont été entendus en qualité de témoins au cours de l'enquête en octobre 2024, à la demande de la défense de Jean-Charles Naouri. Ils ont été interrogés sur une éventuelle tentative de rapprochement entre Carrefour et Casino en septembre 2018.
A cette période, Nicolas Miguet conseillait de vendre des titres Carrefour et d'acheter des titres Casino.
L.Schmitz--BVZ