

Dans la campagne colombienne, un tournoi de foot féminin en bottes, poncho et chapeau
Bottes aux pieds, jupe autour de la taille, ponchos colorés sur les épaules et chapeau vissé sur la tête, dans le centre rural de la Colombie, un tournoi de football féminin, baptisé "botte, poncho et chapeau", fait la fierté des joueuses, pour majorité des agricultrices.
"Ce tournoi représente beaucoup parce qu'il fait partie de notre culture traditionnelle" et "parce que les agricultrices se sentent délaissées", déclare à l'AFP Luz Mery Contreras, une agricultrice de 39 ans.
Malgré la tenue peu propice à l'activité sportive, "on joue super bien", affirme la capitaine de l'équipe de Las Habas (les fèves, ndlr), tout en montrant sous son poncho ("ruana" en Colombie), le maillot de l'équipe nationale colombienne, dont elle est fervente supportrice depuis l'enfance.
Sa passion reflète l'engouement pour le football féminin en Colombie, dont l'équipe nationale, menée par sa star Linda Caicedo, attaquante du Real Madrid, débutera en octobre sa campagne de qualification pour la Coupe du monde 2027.
Contrairement au football traditionnel, le ballon officiel de ce tournoi "Bota, Ruana et Sombrero" est fait de peau de vache, avec ses poils, et est plus difficile à dompter en raison de sa légèreté.
Réparties en huit équipes aux noms tirés du vocabulaire rural colombien --Las Jediondas (les malodorantes) ou Las Potrancas (les pouliches)-- le tournoi a ses règles spécifiques : si un chapeau tombe ou si une botte s'envole d'un pied, le jeu s'arrête le temps pour la joueuse de se rééquiper.
"Jouer avec des bottes, une ruana et un chapeau, c'est complètement fou, même les plus professionnelles n'y arriveraient pas", affirme fièrement Milena Arias, une agricultrice pompier volontaire de 42 ans qui défend les couleurs de l'équipe de Las Garrapatas (les tiques).
A la mi-temps, les joueuses, toutes le visage maquillé, étanchent leur soif avec du "guarapo", un jus à base de canne à sucre utilisé comme énergisant dans les zones rurales.
Pour de nombreuses participantes, le football ne se limite pas à ce tournoi annuel, certaines jouent toute l'année au futsal.
"C'est un sport que j'ai toujours pratiqué", déclare Milena Arias. "Et si une urgence survient avec les pompiers, je suis disponible 24 heures sur 24", ajoute-t-elle.
W.Arnold--BVZ