Au procès Jubillar, les analyses ADN évoquées avant le témoignage des proches de Delphine
Sperme, salive, traces de sang: une experte en analyse d'empreintes génétiques a témoigné mardi matin devant la cour d'assises du Tarn à propos des nombreuses traces d'ADN prélevées lors de l'enquête sur la disparition de Delphine Jubillar, avant l'audition des pudiques proches de l'infirmière disparue en 2020.
Parmi les scellés analysés par cette experte figurent des objets ayant marqué l'enquête: le fameux pyjama panda que portait Cédric Jubillar qui avait surpris les gendarmes intervenant à son domicile, juste après son appel au 17, ainsi que la couette saisie dans le tambour de la machine à laver, près de laquelle le peintre-plaquiste s'affairait à l'arrivée de ces enquêtrices.
Diverses traces de sperme et d'enzymes pouvant révéler la présence de salive ont été découvertes, ainsi que des micro-traces de sang, mais les analyses n'ont globalement pas permis de découvrir de preuve indéniable de l'implication de Cédric Jubillar dans la disparition de son épouse.
Aucune question n'a été posée concernant les résultats des tests effectués sur la couette, ainsi que sur les eaux de vidanges récupérées dans la machine après le lavage. Une ex-compagne de Cédric Jubillar, qui a assuré que ce dernier lui avait avoué lors d'un parloir avoir tué son épouse, a raconté lors de son audition par les enquêteurs: "II m'a parlé de la couette et de la housse de couette (...) lorsqu'il a étranglé Delphine, elle s'est vidée dessus".
- Frères et soeur -
La suite de la matinée sera consacrée aux dépositions des proches de Delphine, dont sa soeur Stéphanie et ses frères, Sébastien et Mathieu, après l'audition, depuis le début du procès, des enquêteurs de personnalité, de plusieurs gendarmes, d'une pléiade d'experts et d'un procureur.
Pour Laurent de Caunes, avocat d'un frère de Delphine Jubillar née Aussaguel, "il est important que les parties civiles puissent parler de ce qui s'est passé, des circonstances qui ont accompagné la disparition de Delphine. Ils la connaissaient très bien."
"Les parties civiles sont très anxieuses à l'idée de devoir affronter la cour d'assises et de croiser le regard de Cédric Jubillar", a averti Mourad Battikh, qui représente l'oncle, la tante et des cousins de Delphine Jubillar.
Interrogé la semaine dernière par la présidente de la cour d'assises sur sa ligne de défense, Cédric Jubillar a démenti, à deux reprises, toute implication dans la disparition de son épouse, qui envisageait de refaire sa vie avec un autre homme.
"On attend tous l'interrogatoire de Cédric Jubillar (prévu vendredi 10 octobre, ndlr), en espérant des aveux", poursuit Me Battikh.
- "Inexactitudes" -
Alors qu'elle préparait les fêtes de Noël et qu'un couvre-feu était en vigueur à partir de 20H00, la mère de famille de 33 ans a disparu de sa maison de Cagnac-les-Mines, un village près d'Albi, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Après le signalement de la disparition, de vastes recherches ont été menées, sans résultat, pour tenter de retrouver l'infirmière travaillant de nuit dans une clinique d'Albi, mais qui était de repos ce jour-là.
Lundi, la deuxième semaine du procès du peintre-plaquiste de 38 ans a débuté par l'audition de l'ancien procureur de Toulouse, Dominique Alzeari, qui avait annoncé la mise en examen de l'accusé le 18 juin 2021, lors d'une conférence de presse émaillée d'"inexactitudes", selon la défense.
"A partir de votre intervention, il a fallu qu'on rétablisse un bon nombre de vérités", lui reproche Alexandre Martin, avocat de la défense.
Le magistrat a balayé les accusations, affirmant n'avoir évoqué que des "éléments objectivés, vérifiables, avérés" à ce stade de l'enquête, reconnaissant toutefois d'"éventuelles approximations".
Pour Laurent Boguet, avocat des enfants de Delphine et Cédric Jubillar, la défense s'efforce de semer "un brouillard de guerre", toutes les occasions sont bonnes "pour décrédibiliser l'enquête, c'est leur stratégie".
Les trois juges et six jurés composant la cour d'assises se prononceront le 17 octobre pour la condamnation ou l'acquittement de l'accusé, à l'issue de quatre semaines d'audience.
W.Hofmann--BVZ